7 principes de base à respecter pour réussir sa présentation et captiver son audience du début à la fin

Nous avons tous et toutes déjà vécu des présentations soporifiques et ennuyeuses. Je vous propose ici de découvrir plusieurs principes pour réussir sa présentation en public et captiver son audience.
Image mise en avant pour l'article "Comment réussir sa présentation et captiver son audience" de David Vellut, psychologue, conseiller pédagogique et médiateur scientifique en psychologie.

Table des matières

Comment réussir sa présentation en public ? Si vous êtes déjà passé sur les bancs de l’université, et même dans le cadre de formations professionnelles, vous vous êtes immanquablement retrouvé au moins une fois face à des présentations imbitables. Ce genre de diaporamas complètement dégoûtants fait partie des phénomènes que l’on nomme Death By PowerPoint. Ce terme a été utilisé pour la première fois par Angela Garber pour titrer son article paru sur le site web Small Business Computing. Le terme Death By PowerPoint fait référence à une mauvaise utilisation de logiciels de présentations (le plus connu étant PowerPoint de Microsoft) et la conception de diaporamas peu efficaces.

En ce qui me concerne, je garde de terribles souvenirs de l’université et de la grande majorité des profs de psycho : des tonnes et des tonnes de diapos, bourrées de textes – parfois illisibles – et contenant peu de visuels facilitant l’assimilation des infos. Le plus paradoxal dans tout ça, c’est qu’en tant que chercheurs en psychologie, la majorité de ces profs ont forcément dû entendre parler des concepts de charge cognitive, de mémoire de travail, et d’attention((Mayer, R.E. (2008). Applying the science of learning: Evidence-based principles for the design of multimedia instructionAmerican Psychologist63(8), 760-769.)).

Malheureusement, étant donné que la majorité des professionnels réalisent des diaporamas mortels – que ce soit à l’université ou dans votre entreprise – vous vous conditionnez, par mimétisme, à faire la même chose que cette majorité : parce que tous les autres le font, c’est qu’il s’agit sans doute de la bonne marche à suivre. Cela a sans doute d’abord été le cas pour vos travaux et présentations d’étudiants. Ensuite dans le cadre de vos réunions d’équipe. Et enfin, éventuellement lors de présentations dans des séminaires ou conférences. À tel point que c’est devenu pour vous un automatisme. Et que de toute façon, puisque tout le monde le fait, c’est très bien comme ça…

Et bien, NON !

Life after death by PowerPoint. Téléchargé le 05/06/2012 depuis la chaine YouTube de Don McMillan.

Death by PowerPoint : 3 raisons d’arrêter de massacrer votre audience lors de vos présentations en public

J’observe trois raisons principales pour lesquelles des diaporamas – tels que l’exemple en photo ci-dessus – sont complètement catastrophiques et inefficaces, en termes pédagogiques, pour votre audience.

1. Ils sont moches et peu agréables à regarder

C’est l’élément le plus basique, et le plus concret : ce genre de diaporama est tout simplement hideux et ne donne pas envie d’y prêter la moindre attention ! Pour reprendre l’exemple-photo présenté en début d’article : depuis le choix des couleurs, en passant par la typographie et les tailles de polices utilisées, rien n’est fait pour ouvrir l’appétit de l’audience. Évidemment tout le monde ne s’appelle pas Garr Reynolds ou Nancy Duarte, et en même temps personne ne demande aux présentateurs de réaliser des prouesses en design : un peu de bon sens fera parfaitement l’affaire.

2. Ils suscitent l’ennui et le désintérêt

Le fait que des diapos soient moches va inévitablement entrainer un profond ennui et désintérêt de la part du public. Il en va de même lorsque vous êtes face à une oeuvre d’art : si la peinture / sculpture vous plait, si vous en appréciez la forme, les couleurs et la texture, vous prendrez plus de plaisir et resterez plus longtemps à la contempler. À l’inverse, vous passerez votre chemin pour rechercher quelque chose de plus agréable à regarder.

Le processus est quasiment identique dans le cadre de présentations professionnelles : si vous ne prenez pas de plaisir à regarder la diapo, votre cerveau va directement aller jouer sur les centres de l’attention, et c’est là que nous arrivons au dernier point…

3. Ils provoquent une baisse d’attention et de motivation

Une fois alerté par cette sensation de déplaisir, votre cerveau va influencer les centres de l’attention. D’autant plus si la diapo est extrêmement mal conçue et beaucoup trop chargée en informations. Ce qui va certainement mener à une surcharge de la mémoire de travail. Et c’est là que la descente aux enfers commence et que les premiers symptômes apparaissent : bâillements, paupières lourdes, perte d’énergie… pour en arriver parfois carrément à l’endormissement et aux ronflements !

Je caricature un peu, mais c’est pour essayer de vous montrer à quel point cela peut être une torture : imaginez-vous pendant 2h d’affilée à subir ce genre de diaporamas désastreux, parfois combinés à un présentateur qui ne sait pas aligner 2 phrases. Vous n’aurez qu’une seule envie : que cela se termine au plus vite !

Si vous utilisez actuellement ce genre de supports pédagogiques dans le cadre de vos formations, réunions ou conférences, alors par pitié : LAISSEZ TOMBER, il s’agit d’une question de vie ou de mort !… Sincèrement, mieux vaut encore pour vous – et surtout vos apprenants – que vous n’affichiez aucun diaporama. Ce sera bien plus efficace comme ça dans un premier temps. Et prévoyez surtout de vous initier petit à petit à l’art de créer des présentations VRAIMENT efficaces et passionnantes pour votre audience.

Comment réussir sa présentation en public : 7 principes de base à respecter pour captiver votre audience du début à la fin

J’aimerais à présent partager avec vous sept principes de base, que je vous invite à appliquer, afin de concevoir des présentations plus efficaces, de meilleure qualité, pour mieux captiver votre public.

1. Laissez votre ordinateur de côté pour commencer

Nous ne savons pas d’où proviennent nos idées. En revanche, nous savons que nous ne les tirons pas de nos ordinateurs.

– John Cleese

La conception de présentations multimédia est avant tout un processus créatif. Et qui dit créativité dit ouverture d’esprit. La plupart du temps, au moment de concevoir leurs diaporamas, les personnes se réfugient sur leur logiciel de création de présentations (PowerPoint, Keynote…). Le problème, c’est que les modèles fournis par ces logiciels sont très souvent mal conçus et réducteurs.

Conseil : allez faire une ballade en forêt – en espérant que la météo soit en votre faveur – et prenez avec vous un cahier de notes et un bic. Laissez venir les idées dans le désordre (histoires, type d’images et illustrations, phrases et mots-clés…). Si vous êtes familier avec le concept, la technique du mindmapping pourra aussi vous être d’une aide précieuse.

2. Créez vos diaporamas pour votre public, non pour vous-même

Il s’agit ici de réfléchir en parallèle au fonds et à la forme de votre présentation. Par le fonds, j’entends : éviter d’utiliser de manière abusive votre jargon professionnel ou des mots trop compliqués. Par la forme, je pense notamment à la lisibilité des polices de caractère, leurs tailles, les contrastes avec l’arrière-plan…

Par exemple, si vous vous initiez à l’art de réaliser des présentations innovantes, mieux vaut commencer par utiliser des polices qui ont fait leurs preuves (Arial, Helvetica, Garamond, Futura…). Petit à petit, avec l’expérience et les retours, vous testerez des polices plus exotiques.

Niveau taille des caractères, privilégiez une taille de minimum 24. Et pour le contraste, veillez à utiliser un texte foncé sur un fonds clair (par ex. texte noir sur fonds blanc) ou un texte clair sur un fonds foncé (par ex. texte blanc sur fonds noir). Ce n’est pas plus compliqué que ça pour commencer.

Et si vous tenez absolument à être sûr que vos diapos soient lisibles pour votre audience, faites le test en live : jouez votre diaporama en mode présentation, reculez de 2-3 mètres derrière votre écran, et appréciez !

3. Laissez tomber les listes à puces

Ou en tout cas, utilisez-les uniquement lors de certaines occasions ponctuelles bien déterminées. Mais surtout, évitez de charger chaque diapo avec des séries interminables de listes à puce. Les listes à puces sont utiles pour décrire brièvement un processus ou certaines caractéristiques. Elles sont par contre à bannir pour décrire un objet, présenter un produit, raconter une histoire, faire passer une émotion.

Le problème, avec les listes, c’est qu’on finit rapidement par se retrouver avec des blocs de texte de 3 lignes (voire plus) complètement illisibles. Si vous devez utilisez des listes à puces, faites-le avec parcimonie et limitez chaque puce à une ligne, histoire d’aller à l’essentiel !

4. Privilégiez les éléments visuels

Contrairement aux idées véhiculées par le mouvement Death By PowerPoint, je suis convaincu que les diaporamas ont toute leur place pour accompagner une présentation… pour autant qu’ils servent à quelque chose. Si vous utilisez vos diapos juste pour retaper le texte que vous allez présenter oralement, arrêtez tout de suite. Vous allez perdre votre temps et faire perdre le temps de votre audience !

Priviliégiez au maximum des éléments visuels et graphiques : images, illustrations, photos, diagrammes, schémas, animations, vidéos… en vous assurant qu’elles aient du sens et soient en lien avec votre contenu. Adoptez la zen attitude, et évitez la surcharge

J’aime beaucoup la philosophie adoptée par Garr Reynolds pour concevoir des présentations multimédia. Son concept se nomme : Présentation Zen((Reynolds, G. (2008). Presentation Zen: Simple ideas on presentation design and delivery. Berkeley: New Riders.)). Il s’inspire des arts zen et de certains éléments de la culture japonaise pour réaliser des diaporamas vraiment hors du commun, tant sur le fonds que sur la forme. Ce qui caractérise principalement ce concept, c’est le fait d’aller à l’essentiel : privilégier des mots-clés percutants, utiliser chaque diapo pour ne diffuser qu’une seule idée principale… ce qui permet d’éviter le phénomène de surcharge cognitive et favoriser l’assimilation digeste des infos par le public.

J’essaie de m’en inspirer autant que possible, et je vous invite à faire de même. Vous verrez que vous arriverez non seulement à créer des diaporamas plus beaux, et aussi plus efficaces et plus percutants pour votre audience. L’approche de Nancy Duarte dans son ouvrage « Slide:ology » vaut également le détour1.

6. Préparez-vous, et répétez… mais pas trop !

Contrairement à certaines idées reçues, improviser risque de signifier votre arrêt de mort. À moins que vous n’ayez des années d’expérience et des talents d’orateur hors pair, abstenez-vous d’improviser. Vous éviterez ainsi de vous suicider en public !

Je ne dis pas que c’est la seule sur Terre, mais à ce jour, je ne connais qu’une personne capable d’improviser une intervention professionnelle de 15min devant 500 personnes, et ce 5 minutes seulement avant de monter sur scène.

Donc, à moins que vous ne fassiez partie de ces privilégiés qui ont reçu le don d’orateur à la naissance, préparez vos interventions : préparez votre plan (éventuellement sous forme de mindmap) et passez le en revue la veille et le jour J. Attention à ne pas non plus vous sur-préparer afin de rester naturel face à votre audience. Si possible, testez l’affichage de vos diapos directement sur place, pour être sûr de pouvoir faire de petites modifications de dernière minute, si nécessaire.

7. Maintenez l’attention de votre audience

Pour captiver votre audience et la garder focalisée comme un laser sur ce que vous racontez, vous aurez besoin de bien plus que de belles diapos et des talents d’orateur. Vous devrez créer de l’interactivité avec votre public. Si vous comptez que la plupart des personnes commencent naturellement à décrocher à partir de 10 minutes, cela signifie que vous devrez, idéalement, prévoir un changement de modalité toutes les 5 minutes. Histoire d’être sûr de maintenir leur concentration.

Par exemple : raconter une histoire, présenter une vidéo, effectuer un sondage express, poser des questions, demander au public de prendre des notes, clarifier un concept… autant de techniques à utiliser pour favoriser cette proximité et cette interactivité avec votre audience.

Des outils concrets existent pour vous aider à ce niveau. Je pense notamment aux systèmes de vote électronique (capables d’afficher des infos en live dans votre diaporama) et aux jeux-cadres de Thiagi, dont certains sont particulièrement adaptés pour des conférences et animations dans le cadre d’événements.

Réussir sa présentation : un art qui se construit avec le temps et l’expérience

L’article d’aujourd’hui n’est pas exhaustif, que du contraire : il s’agit plus d’une mise en bouche pour vous sensibiliser à l’art de réaliser des présentations cohérentes et efficaces. Je vous encourage vivement à vous y intéresser de plus près ! N’hésitez pas aussi à approfondir les principes pédagogiques qui sous-tendent la conception d’environnements d’apprentissage multimédia.

  1. Duarte, N. (2008). Slide:ology: The art and science of creating great presentations. Sebastopol: O’Reilly Media. []
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