Les emmerdes, ça arrive ! Vous aurez beau invoquer l’univers dans toute sa splendeur, rien ne l’arrêtera pour autant de vous envoyer quelques revers… certains parfois plus douloureux que d’autres. Résultat des courses : tristesse, colère, frustration… j’en passe et des meilleures. Pourtant, accepter ses émotions et ses pensées pourrait constituer l’une des clés pour développer une meilleure santé psychologique et un meilleur niveau de bien-être.
Rappelez-vous la dernière fois que vous vous êtes retrouvé coincé dans un bouchon sur l’autoroute : une journée de boulot dans les pattes, aller récupérer les enfants à l’école, le repas du soir à préparer… bref, vous n’êtes pas au bout de vos peines !
Comme si ça ne suffisait pas, vous voilà à l’arrêt dans votre voiture depuis un bon quart d’heure, le tout dans une chaleur écrasante… et vous avez oublié de prendre une bouteille d’eau avec vous. Plus le temps avance, plus vous sentez ce sentiment d’agacement et de frustration se transformer peu à peu en sérieux énervement… et ça monte, ça monte, ça monte. Lorsque, tout à coup, l’automobiliste derrière vous ne trouve rien de mieux à faire que de commencer à klaxonner à tout bout de champ.
Et là, rien ne vas plus !
J’imagine que cette situation (ou du moins une situation similaire) vous rappelle des souvenirs. Et le simple fait de lire ces lignes a probablement réactivé en partie les émotions associées à cette situation. Pourtant, il existe une manière d’y faire face.
Juger ou accepter ses émotions et pensées négatives ?
Éprouver des pensées et émotions négatives fait partie de notre quotidien. Dans ce type de circonstances, nous avons habituellement deux manières de réagir :
- Juger ces pensées et émotions comme étant mauvaises, désagréables, voire inacceptables.
- Accepter ces pensées et émotions telles qu’elles sont, et les considérer comme un phénomène naturel.
Que ce soit dans le premier ou le deuxième cas, la manière dont nous réagissons aux événements et aux émotions qui y sont liées vont fortement façonner notre quotidien… et du coup influencer notre manière de répondre aux événements de la vie sur le long terme.
C’est le sujet qui a intéressé récemment une équipe de chercheurs de l’Université de Toronto et de l’Université de Californie, Berkeley. À travers une série d’études, ils ont exploré les liens existant entre le niveau de bien-être et l’acceptation des pensées et émotions((Ford, B.Q., Lam, P., John, O.P. & Mauss, I.B. (2017). The psychological health benefits of accepting negative emotions and thoughts: Laboratory, diary, and longitudinal evidence. Journal of Personality and Social Psychology, 115(16), 1075-1092.)).
L’influence de l’acceptation de nos pensées et de nos émotions sur notre santé mentale
Dans une première étude incluant plus de 1.000 participants, les chercheurs ont observé les liens entre acceptation et santé psychologique. Après avoir interrogé les sujets de l’expérience au moyen de questionnaires, ils parviennent à la conclusion que les individus qui acceptent leurs pensées et émotions bénéficient effectivement d’une meilleure santé psychologique. Plus spécifiquement, ils rapportent :
- un meilleur niveau de bien-être et de satisfaction globale dans leur vie,
- moins de symptômes de dépression et d’anxiété.
Notons également trois résultats complémentaires intéressants dans le cadre de cette étude :
- Au sein de l’échantillon, les résultats semblent être indépendants de facteurs sociodémographiques, raciaux et de genre. Autrement dit, les résultats sont généralisables à une grande partie de la population, peu importe que vous soyez riche ou pauvre, blanc ou noir, homme ou femme.
- Au travers de l’étude, les résultats semblent démontrer qu’accepter ses pensées et émotions n’est pas synonyme d’accepter la situation. C’est donc bien l’acceptation de nos pensées et émotions qui permet de développer une meilleure santé psychologique, pas l’acceptation de la situation elle-même.
- Enfin, il ne semble pas qu’un niveau faible de stress dans la vie influence significativement le niveau de bien-être. Au contraire, des personnes vivant des situations stressantes ou difficiles rapportent des niveaux des bien-être plus élevés que des personnes vivant des situations à priori dénuées de stress ou de difficulté. Seule différence entre les deux : les premières rapportent une meilleure acceptation de leurs pensées et émotions.
Les deux études suivantes ont permis de répliquer et confirmer ces résultats, à la fois dans des conditions de laboratoire et dans des conditions de la vie de tous les jours sur une période prolongée (6 mois).
Accepter ses émotions et ses pensées : plus facile à dire qu’à faire ?
Revenons un instant à l’exemple du début. Nous faisons tous face à ce genre de situations où s’entremêlent colère, frustration, ennui et ruminations mentales. Prendre le contre-pied dans ce type de circonstances est plus ou moins compliqué, en fonction notamment du type de situations auxquelles vous serez confronté. Mais une chose est sûre : plus vous ruminerez et plus vous vous jugerez, plus vos émotions négatives prendront le dessus.
La prochaine fois que vous vous retrouverez pris au piège de circonstances difficiles, stressantes, agaçantes, tentez au moins ceci : prenez conscience de l’émotion que vous vivez et exprimez-la à voix haute (“Je suis triste”, “Je suis en colère”…). Il ne s’agit nullement d’une baguette magique. Néanmoins ce sera le premier pas pour vous permettre d’accepter ces pensées et émotions négatives, de les nommer, pour pouvoir passer à la suite.
En résumé
- Nous vivons tous des situations difficiles et/ou stressantes, que ce soit dans le cadre de notre vie privée et professionnelle. Ces situations peuvent engendrer des pensées et émotions négatives et désagréables.
- Plutôt que de juger ces pensées et émotions comme étant mauvaises ou inacceptables, les recherches semblent démontrer que le fait de les accepter permet de développer une meilleure santé psychologique (et notamment un meilleur niveau de bien-être) sur le long terme.
- Ce ne sont pas les personnes ayant une vie peu difficile ou stressante qui semblent les plus heureuses. Au contraire, des personnes ayant des vies difficiles ou stressantes rapportent de meilleurs niveaux de bien-être (en tout cas les personnes développant une meilleure capacité à accepter leurs pensées et émotions).